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AntipsychiARTrie. Des liens entre art et antipsychiatrie de 1960 à nos jours

16 mai – 29 juin 2019, INHA, salle Longhi

Restitution du travail de recherche mené par le collectif ATHAMAS dans le cadre de sa résidence INHALab, cette proposition explore la circulation des idées et des images en lien avec les psychiatries radicales qui ont traversé les cultures visuelles depuis le milieu du XXe siècle. Sans nier l’importance des productions de l’art brut et des pratiques de l’art-thérapie, l’exposition se concentre sur la manière dont les artistes ont pu s’approprier ou dialoguer avec les innovations formelles et conceptuelles de ces nouvelles psychiatries. Diffusées à l’appui d’une abondante production éditoriale à partir de 1960, de nombreuses conférences et des débats publics largement relayés par les médias, elles se répandent tout particulièrement dans les milieux intellectuels et artistiques des contre-cultures des années 1960 et 1970. Depuis les années 2000, elles font l’objet d’un regain d’intérêt de la part des artistes comme du champ de la recherche.

Dans son sens historique, le terme d’« antipsychiatrie » désigne non pas une simple attitude de résistance vis-à-vis du pouvoir psychiatrique et de ses pratiques répressives – attitude corollaire de l’histoire de la psychiatrie depuis sa naissance au XIXe siècle – mais un moment particulier de l’histoire de la médecine et de celle des idées. Le terme lui-même commence à se diffuser suite à la parution en 1967 de Psychiatry and Anti-Psychiatry de David Cooper. Malgré le rejet quasi-systématique du vocable par la majorité des protagonistes concernés, il tend à être appliqué à l’ensemble des psychiatries radicales de la période. De nombreuses divergences distinguent pourtant le pôle antipsychiatrique anglais autour de Cooper et R. D. Laing, la psychiatrie démocratique (psichiatria democratica) de Franco Basaglia en Italie, le Collectif socialiste de patients (SPK) en Allemagne, la psychothérapie institutionnelle qui émerge en France dès le début des années 1950 dans le sillage de Fransesc Tosquelles et se développe notamment autour de Jean Oury et de Félix Guattari, ainsi que les positions libérales de Thomas Szasz aux États-Unis.

De la remise en question du statut de la maladie mentale et de la notion de « normalité » (Cooper, Laing) à son assimilation à un simple « mythe » (Szasz), de la réinvention du fonctionnement de l’hôpital dans un projet résolument ancré dans une pratique d’accueil et de soin (Tosquelles, Oury) à l’engagement dans un activisme politique qui entraîne le démantèlement des hôpitaux psychiatriques de tout un pays (Basaglia, 1978) : la diversité des approches théoriques et des enjeux de leur mise en pratique n’est en aucun cas réductible à un label unique. Mais au-delà de leurs différences, ces psychiatries alternatives allient toutes, à des degrés divers, une volonté de ré-humanisation du patient et une ouverture des portes de l’hôpital-prison s’inscrivant en opposition aux méthodes de la psychiatrie conventionnelle jugée répressive et concentrationnaire. Au cœur même de l’ensemble de ces démarches se situe un déplacement de l’effort thérapeutique de l’individu à son contexte de vie, et le projet médical devient indissociable d’un projet politique. Afin de soigner le patient, il faut d’abord, ou surtout, soigner – selon les praticiens ou les périodes – l’institution, la famille, voire la société dans son ensemble.

Commissariat :
- Nicolas Ballet (docteur en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
- Aurore Buffetault (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chargée d’études et de recherche, INHA)
- Hélène Gheysens (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
- Sandrine Meats (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Avec l’aide de Léa Dreyer, Élise Grandgeorge, Juliette Naviaux, Florence Pétry et Claire Salles.

Programmation associée :
- Performances le 15 mai, INHA, Rotonde et salle Roberto Longhi, avec Joël Hubaut, Pascale Ciapp, Rémi Voche et Natalia Jaime-Corte.
- Projections-rencontres 27 mai, INHA, salle Roberto Longhi : Un petit peuple qui va là-bas (2018), 60’, réalisation Catherine Vallon, en présence de Catherine Vallon.
- Projection le 3 juin, INHA, salle Roberto Longhi : Hors les Murs 3 (1985), 51’, réalisation Abraham Ségal, en présence d’Abraham Ségal.
- Projection d’archives le 13 juin, INHA, salle Roberto Longhi : avec Catherine Gonnard, chargée de mission documentation à l’INA, sur le thème « Contestations psychiatriques à la télévision ».
- Projection le 21 juin, INHA, salle Roberto Longhi : Dans l’aventure du non, la parole (1991), 56’, réalisation Catherine Scheuchzer, en présence des membres de l’association Le chiffre de la parole (Enrica Ferri, François Keller, Adeena Mey, Ingrid Portner, Eveline Sautaux et Fanchette Kunz).
- Atelier « Créer une nouvelle communauté » le 25 juin, INHA, salle Roberto Longhi : avec l’artiste Florencia Rodríguez Giles.
- Performance le 26 juin, INHA, Rotonde et galerie Colbert, avec Florencia Rodríguez Giles, Alfredo Aracil et la communauté temporaire des mascottes thérapeutes.


Le collectif Athamas – Art et antipsychiatrie remercie l’ensemble des contributeurs : les artistes, réalisateurs, photographes, conservateurs de fonds d’archives, collectionneurs et maisons d’édition.

https://www.inha.fr/fr/recherche/programmation-scientifique/en-2018-2019/inhalab-association-athamas.html

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